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 Trouble tête (extrait du livre)

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mariamélie
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mariamélie


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MessageSujet: Trouble tête (extrait du livre)   Trouble tête (extrait du livre) EmptyVen 20 Juin 2008 - 15:59

C’est insupportable de ressasser ses malheurs toute la journée pour leur donner un sens. Comme s’il fallait qu’ils en aient un ! Et puis, quand on est trop plongé dans le problème, on ne peut pas s’en détacher pour l’analyser, au contraire, on s’enlise.

Plus je réfléchis à ma vie, et plus j’ai l’impression que je n’ai aucune valeur, que je suis condamnée à souffrir éternellement sans jamais connaître le bonheur.

Pourquoi les malheurs et les péchés sont-ils plus marquants que les moments de joie ?

J’ai passé des journées entières à chercher les causes de ma dépression. Je n’ai rien trouvé. Je me suis fait chaque fois un peu plus mal en ravivant des moments douloureux, des indifférences, des paroles blessantes sans le vouloir, des incompréhensions, des incapacités.
Je tournais en rond car personne ne m’écoutait et ne m’aidait à distinguer dans le méli-mélo de nœuds de souvenirs, sur quel fil il fallait tirer pour débrouiller un peu. Je tournais et retournais cette pelote brûlante, et à chaque tour, mes mains souffraient davantage. Et je me disais que rien n’avait de sens et que je devais me laisser aller.

Faut-il une raison pour être malheureux ?
C’est plutôt par défaut qu’on l’est. Par manque de raisons d’être heureux. On n’est dépressif que par manque. Manque d’amour, manque de réussite, manque d’amis…On a besoin d’être accompagné et rééduqué dans ses plaisirs.
On a avant tout besoin d’être guidé comme un petit enfant qui ne veut plus marcher, et à qui l’on donne la main. Patiemment, il faut lui faire découvrir le monde sous un autre jour. S’attarder sur chaque coin de beauté, pour combler tous les trous creusés par les manques, les refus, les dégoûts, afin de faire jaillir le bonheur et la joie. Il faut persévérer, cet état ne vient pas d’un coup. Il se peut qu’il y ait un moment où la souffrance est trop grande : il ne peut plus lutter. C’est alors qu’il a besoin des autres.

J’aurais simplement aimé qu’on me dise :

"La vie est belle et moi je t’aime"

Personne ne l’a fait...

N’est-ce pas pourtant la parole la plus élémentaire à dire à quelqu’un qui va mal ?

C’est très difficile de préserver sa solitude. Souvent, les gens viennent vous envahir, précisément au moment où votre tranquillité vous repose. Ils ont généralement de bonnes intentions :
"Ma pauvre, tu ne devrais pas rester toute seule. Viens plutôt avec nous, tu t’ennuieras moins !"
Les malheureux n’ont pas compris qu’ils troublaient ma sérénité et ma méditation, qui sont aux antipodes de l’ennui, et que rester toute seule me va très bien. Etre seule n’est pas un signe de folie ou de rejet du monde. J’ai simplement besoin de faire le point avec moi-même. Une fois en paix, je pourrai m’ouvrir mieux et davantage à celles et ceux qui m’entourent.

Je décide de chercher non pas les facteurs qui ont déclenché ma dépression, mais les raisonnements qui m’ont conduite à me retrancher dans un monde à part. Je me demande pourquoi je n’ai plus voulu vivre. Ca me fait mal : c’est comme reconnaître que je me suis engagée tout entière dans une mauvaise voie. C’est me dire que j’ai volontairement gaspillé une partie de ma vie. Aujourd’hui, ces moments de souffrance se sont comme cristallisés : ils sont devenus durs, impénétrables, de sorte qu’on aura beau taper dessus, les secouer, ils ne feront plus mal parce que, d’une certaine manière, ils ont perdu toute sensibilité. Cet autre moi a disparu, rien ne peut donc plus le faire souffrir.

Que s’est-il donc passé ?

Pour être conforme à mes idées, j’ai voulu me rendre parfaite, c’est-à-dire achevée. Je devais maîtriser tous les domaines que je m’étais fixés comme représentatifs des qualités les plus importantes : la beauté, la pureté, la disponibilité, la générosité, l’endurance, la patience, le dévouement, l’accomplissement maxima des tâches scolaires, quotidiennes et ménagères, le souci des autres.

"La liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres."

Ma liberté n’avait pas de commencement puisque celle des autres commençait à la place de la mienne. Tout n’était tourné que vers les autres. Mon seul but était d’œuvrer pour un monde meilleur. Si je voulais être belle, c’était pour être agréable aux autres, comme un cadeau visuel. Si je voulais être pure, c’était pour ne pas perdre mes idéaux afin de toujours présenter une belle image de l’humanité aux autres, pour les inciter à être meilleurs. Je voulais être disponible, généreuse, patiente et dévouée pour soulager les autres, je voulais être excellente à l’école pour faire plaisir à mes parents et surtout, que mes résultats scolaires ne leur soient pas une source de soucis supplémentaires. Il fallait aussi que je satisfasse mes professeurs comme si je leur apportais une lumière.

Je m’étais en quelque sorte programmée pour prendre sur moi tous les soucis des autres afin de les soulager et de ne pas peser sur leur quotidien. Je voulais me faire toute petite afin de ne pas les déranger. Et j’y suis parvenue. J’étais devenue tellement mécanique, tellement impersonnelle, tellement inhumaine qu’on ne remarquait plus ma présence. On ne me saluait plus, comme si j’avais cessé d’exister en choisissant cette ascèse. On me heurtait comme on se cogne à un lampadaire éteint.

Je me souviens du début, quand je suis arrivée à l’hôpital, les autres me disaient qu’ils avaient peur de me bousculer parce qu’ils craignaient de me faire perdre l’équilibre. Ils s’inquiétaient de ma fragilité physique. Je n’avais pas de consistance, ma présence n’apportait rien : ils ne me voyaient pas, c’est pour cela qu’ils devaient faire attention à moi. J’avais réussi à me faire toute petite. Trop bien, de sorte que j’avais fini par disparaître.

Un prête m’a dit un jour que vis-à-vis de son passé douloureux on avait deux attitudes : la volonté d’oublier ou la rancœur. Pour moi, il existe une troisième voie. Pour ma part, je ne souffre pas d’en parler. Cela fait partie de moi. C’est aussi un des éléments qui a changé à ma guérison : je me suis acceptée comme j’étais.

Trouble tête (extrait du livre) 26982396_p
Extrait du livre Trouble Tête de Mathilde Monaque


Dernière édition par marimilie le Ven 4 Juil 2008 - 16:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Trouble tête (extrait du livre)   Trouble tête (extrait du livre) EmptySam 21 Juin 2008 - 19:58

c'est émouvant... je me reconnait dans ce qu'elle décrit...
tiens ça me donne même envie de le lire! merci marie pour cette présentation!
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MessageSujet: Re: Trouble tête (extrait du livre)   Trouble tête (extrait du livre) EmptySam 21 Juin 2008 - 23:01

Wow! C'est vraiment écrit et décrit surtout... Comme Liliana, je me reconnais énormément dans ce texte... ne pas comprendre le pourquoi de son mal-être et se poser mille et une questions, ne vivre qu'à travers les autres et malheureusement à s'en oublier, de pas réussir à vivre mais survivre... alors bien sur essayer d'accepter (et faire accepter aux autres) qui je suis vraiment... mais ça ce n'est pas le plus facile...
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MessageSujet: Re: Trouble tête (extrait du livre)   Trouble tête (extrait du livre) Empty

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