Êtes-vous conscients d'avoir peur?

Bonjour!

Je me questionne un peu par rapport à mon agoraphobie... Est-ce que c'est normal de ne pas être conscient de sa peur? On m'a dit que je devais être angoissée quand je me retrouve dans le métro plein de monde, et que je ne peux pas sortir quand je veux. Pourtant, cette idée ne me traversait pas l'esprit du tout, au moment des crises. Je ne pensais à rien de bien stressant, j'étais plutôt concentrée sur ma musique, en fait.

Est-ce que c'est moi qui comprends mal l'agoraphobie? Est-ce une peur qui peut être inconsciente? Dans le sens où jamais je n'ai pensé "on mon dieu, je n'ai pas le contrôle, ici!"... Avant les symptômes physiques, je n'ai jamais ressenti de peur en tant que telle dans le métro.

Alors voilà, j'ai du mal à comprendre, et je me demandais si d'autres étaient comme moi, et quoi faire dans ce cas où ce ne sont pas les pensées qu'on a qui nous mènent aux symptômes.

Ta question est complexe, donc je vais te répondre non pas une vérité mais simplement mon avis sur la question...

* l'ago arrive lorsque le stress et les angoisses souvent inconscientes ou très refoulées ne tiennent plus (on a mis un couvercle sur la cocotte longtemps mais l'eau déborde), donc je crois qu'au départ on est pas forcément angoissé dans le metro, on peut voir l'ago comme une métaphore, le symptôme du mal, la partie visible mais pas le mal en lui même...

* ensuite avec l'habitude des paniques, survient la peur d'avoir peur dans telle ou telle situation, tel ou tel lieu, la peur d'être mal, de s'évanouir, de mourir etc... ça dépend de chacun mais là pour le coup on se concentre sur "j'ai peur du métro car je panique souvent ou j'ai paniqué la dernière fois en le prenant"... Et là on a comme des facteurs aggravants: la chaleur, le monde, les lieux fermés etc... on évite ou on met des rites en face pour tenir, affronter.

L'ago crée une peur des lieux, situations, fait éviter, se recroqueviller... mais les vraies angoisses à mon avis naissent d'ailleurs.

Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question...

Salut Haluun.
Salut lilie.

Oui, la question est assez particulière puisqu'elle corrspond à "ma phobie doit-êlle forcément me faire peur?".

Lilie t'a répondu sur le côté technique de ce problème. Je te donnerai deux réponses pour ma part:

1) Il se peut que par ton âge jeune tu n'aies pas développé la totalité des réactions flippantes de l'agoraphobie (je ne le souhaite pas bien entendu). L'évolution, ou les évolutions, de cette maladie se font avec le temps et généralement elle se décuplent crescendo: peur d'un simple magasin, puis peur de tous les magasins, puis peur du bus, puis peur de la foule, puis peur des places, puis peur complète de sortir.
Je sais c'est un tableau quelque peu sombre que je te décris là mais il reste, bien plus qu'une référece, une réalité véritable pour la majorité.

2) En second lieu (et je te préfèrerait cette situation) il est fort probable que ton taux d'agoraphobie soit naturellement faible; comme il y en a qui sont plus sensible à la douleur que d'autres. Dans ce cas présent alors celà expliquerait que tu sois quasiment à l'aise de partout sans que la "big peur habituelle" ne se déclenche. Et dans un sens c'est un mieux.

Et pour terminer il faudraoit différencier les symptômes de la peur de la sociophobie à ceux e l'agoraphobie. L'agoraphobie n'est pas liée à la foule (peur du jugement) mais à l'espace (place découverte, escaliers, etc). Si tu souhaites te confronter à tes peurs réelles il faudrait que tu les vois avec ce genre de lieux pour que tu puisses t'en faire un avis juste.

Voilà Haluun. Si tu n'as pas peur alors ne panique pas, beaucoup aimeraient être aussi à l'aise à l'extérieur. Porte-toi bien et prends soin de toi. :uj)):

Je pensais surtout à la première attaque...

Est-ce que c'est parce que cette attaque est arrivée dans le métro que maintenant j'ai peur d'en avoir d'autres dans cet endroit précis?

Ou alors est-ce que j'avais peur du métro à la base et que c'est ça qui a déclenché la première crise?

En tout cas, comme vous avez dit, c'est sûr qu'après la première attaque, on a peur d'y retourner, de peur que ça se passe encore. Mais c'est vraiment la première crise qui m'intrigue le plus, parce que je n'ai pas ressenti de peur du tout avant les symptômes.

Un ami m'a dit qu'il sait précisément ce qui l'embête dans le métro, et quand il se met à y penser, les symptômes arrivent. Dans mon cas, même si je pense à rien de spécial, ça se produit.

Comme j'ai dit, je ne me rends même pas compte que quelque chose me fait peur. C'est juste que j'ai les symptômes, alors je me suis dit que c'était peut-être quelque chose d'inconscient. Sinon, comme j'ai cru longtemps que mon mal était physique, j'ai continué à fréquenter le métro, c'est pour ça que j'ai plus d'aise que certains... J'ai commencé ma désensibilisation moi-même sans le savoir.

Salut Haluun. J'espère que tu vas bien. :uj)):

Ta question est complexe, je n'en ai pas bien compris son sens.

Reprenons tout depuis le début.

Il est un fait, c'est que quand nous sommes face à une douleur pour la toute première fois (brûlure, gifle, électrocution, rage de dent, coup, etc), le cerveau enregistre cette information, les causes et leurs effets sur le corps, et la stocke définitivement dans la mémoire à long terme. C'est celle qui conserve nos expériences et nos acquis pour toute notre vie, comme marcher, faire du vélo, lire, apprendre à compter, etc.

Donc, une toute première douleur est conservée dans cette mémoire à long terme. Ainsi, participant à l'instinct de survie, cette information trés précise va sans arrêt nous revenir à l'esprit sous forme de visualisations, d'odeurs, et de réactions tactiles, pour que nous faisions instinctivement face au danger. Et dans ce sens c'est un bien, auquel cas on passerait toute notre vie à se mettre la main dans le feu ou les doigts dans la prise électrique!

Dans une régulation naturelle, aprés un appel de danger (régulé par l'hypophise et l'amygdale), les choses reviennent à la normale et nous reprenons notre vie. Le souvenir premier de ce type spécifique de douleur s'estompe et reprend sa place archivée dans la mémoire à long terme, jusqu'à l'apparition d'une nouvelle menace identique.

Le problème avec les phobies c'est que cette mémoire de la première douleur ne s'estompe pas, le "bouton reste sur ON" indéfiniment, il s'est bloqué, et le retour à la normale ne peut plus s'effectuer. Nous, phobiques de toutes les phobies qui existent, restons avec la peur permanente de la cause qui provoque notre anxiogénéité. Lors de la période d'angoisse la décharge émotionnelle n'a pas été "digérée" par le cerveau, il n'a pas pu gérer correctement le problème. C'était soit la phobie, soit la folie. L'amygdale, celle du cerveau, en serait la cause.

Donc si je souhaite te donner une réponse juste, je te dirai OUI, c'est justement parce qu'on a eu peur un moment de quelque chose de bien définit que notre cerveau nous le rappelle chaque fois que nous y sommes confrontés (électricité, falaise, feu, vitesse, etc). C'est tout à fait normal c'est notre instinct de survie. Dans ton cas, celui du métro, si tu y avais peur avant d'y monter pour la toute première fois c'est qu'il y avait une raison. Peut-être (je dis bien peut-être) que petite ou adolescente quelque chose d'émotionnel t'a marqué et dont tu en as gardé la trace, sans le souvenir. Ce qui se passe dans les phobies d'ailleurs.

Donc ce n'est pas forcément le métro en lui même qui t'a fait déclancher ta première crise, il est possible que ce soit un souvenir antérieur vécu dans le métro ou un lieu enfermé qui lui ressemble. Le métro n'est pas la cause.

Voilà Haluun, j'ai essayé de te répondre au plus précisément possible, avec ce qui se passe dans le cerveau. C'est à toi et à ton thérapeute (ces mots sont compliqués!) de faire ressurgir la mémoire de ce qui te fait véritablement peur. Porte-toi bien et prends soin de toi. Sois forte. Au grand plaisir de t'aider. :uj)):