Article de SALOMÉ, Jacques. Tiré du site internet Nouvelles clés
http://www.nouvellescles.com/Chroniques/Salome/Croyance.htmNous emmagasinons tout au long de notre existence une quantité fabuleuse de croyances, que nous transformons souvent en certitudes et parfois en vérités ! Ces croyances nous aident à affronter les dangers que nous prêtons à l’inconnu et à l’imprévisible, elles nous soutiennent face à l’irruption de l’irrationnel et, surtout, nous assurent, tant que nous les gardons, une assise pour gérer le présent tout en nous donnant le sentiment d’une cohérence dans la conduite de notre vie.
Mais certaines de ces croyances nous limitent et peuvent se révéler contraignantes.
Dans les phases d’évolution liées à des changements personnels, la remise en cause de quelques-unes de ces croyances ne va pas se faire sans souffrance, insécurité et résistance.
Les plus tenaces naissent dans l’enfance. Elles sont des relais, des médiateurs entre l’imaginaire et la réalité, pour nous permettre d’affronter les incertitudes de la vie et de celles que soulèvent nos propres doutes, et aussi apaiser nos contradictions, en particulier celles que fait surgir le décalage entre imaginaire et réalité.
Par la suite, elles peuvent se révéler de véritables carcans qui occultent les possibles de la créativité et freinent les engagements de la vie. Les croyances peuvent avoir pour origine des injonctions, des modèles de vie que nous recevons de notre entourage.
“ Pour se marier une fille n’a pas besoin de faire des études...”
“ Les hommes, de toute façon, ne pensent qu’à ça, quand ils t’ont eue,
ils t’abandonnent sans se retourner ! ”
Elles peuvent aussi être générées par des auto-injonctions que nous envoyons pour apprivoiser une situation, un événement, pour baliser une démarche et servir de garde-fou lorsque survient l’irrationnel. Même si la croyance s’appuie souvent sur de l’irrationnel ou une survivance de la pensée magique, elle peut être argumentée de façon logique et rationnelle.
“ Si je suis dévoué, personne ne me voudra du mal ! ”
“ Si je travaille bien en classe, mes parents ne se disputerons plus... ”
“ Ça ne sert à rien de parler, personne ne peut me comprendre ; la preuve, tout le monde est contre moi... ”
Une meilleure conscientisation de nos croyances peut nous permettre de découvrir quelles énergies nous investissons à les respecter et combien elles structurent parfois des réponses erronées ou des conduites inappropriées à l’égard d’autrui. Si bien que ce que nous croyons être de la spontanéité n’est le plus souvent que la résultante de tous les conditionnements liés à des croyances ou à des convictions inscrites bien avant la rencontre ou l’échange...
Ainsi, beaucoup de nos engagements à l’égard de l’autre ne se font pas en fonction de ce qu’il est vraiment, mais en fonction de ce que nous imaginons devoir faire par rapport à des croyances inscrites bien avant la rencontre.
Un nettoyage ou l’actualisation de nos croyances et un meilleur ancrage vis-à-vis de nos ressentis et de nos expériences au présent peuvent nous faire retrouver une plus grande adéquation et même une plus grande authenticité par rapport aux situations et aux personnes.
Quant aux certitudes, nous découvrons assez vite qu’elles sont toutes relatives.
“ J’avais la certitude que mon mari était honnête jusqu’au jour de notre divorce, quand j’ai découvert qu’il avait mis tous les actes de propriété... à son nom ! ”
Il faut accepter de reconnaître qu’il n’y a au fond qu’une seule certitude, inexorable et incontournable, celle qu’un jour nous allons mourir. Je pourrais conclure que toutes les autres certitudes ne sont que des croyances auxquelles nous nous accrochons avec une ténacité parfois pathétique, en leur donnant valeur de vérité.
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*Jacques Salomé est l’auteur de Le courage d’être soi aux éditions du Relié, 1999. Site : jsalome.com