[ J'ai décidé que d'exposer ce que je
fais sera une certaine façon de m'affirmer
et j'espère être lue...
Voici un texte que j'ai écris il n'y a pas
longtemps. Il y a un manque d'informations
mais c'est voulu, les choses s'éclairciront
avec le temps, au fils de mes mots.
Je mettrai mes photos plus tard, si
vous le voulez... ]Pas encore de titre.
Je lui souris. Son sourire, au lieu de s’agrandir comme il le faisait à
son habitude, s’évanouie dans la peine qui transperçait son visage. Je
m’approche, je voudrais tant le prendre des mes bras, lui dire que je
l’aime, que c’est mon ange, que sa présence compte plus que tout à mes
yeux mais non, mon corps s’avance pendant que mon esprit troublé
recule. Aller me caller au creux de ses bras, me perdre dans sa
chaleur. Mes jambes avancent et c’est la plus grande action que mon
corps grossi semble capable de faire. Je le regarde dans les yeux, son
regard me fuit, prend racine au sol. Je ne sais que dire, je n’arrive
pas à prononcer le moindre mot, partout, tout bloque. Mais les larmes
elles, ne cessent de couler encore et encore sans que je ne puisses, ne
serait-ce qu’un instant, exprimer ma douleur. Non, le silence se fait
le devoir de tout détruire, installant un profond malaise inhabituel
entre nous. À quelques pas de lui, mon corps se transforme en glace. Ce
n’est pas le froid dehors, inexistant, qui me fait cet effet mais la
température morte de son cœur lorsque ses yeux viennent se poser sur
moi. Je tente à nouveau un mince sourire, un minuscule sourire en coin,
sans succès. Mon élan se voit aussitôt freiner par son manque de
réceptivité. Peut-être ne veut-il plus rien savoir de moi ?
Peut-être, peut-être, pensai-je alors que mes lèvres craintives se mirent à trembler davantage.
Il
s’avance vers moi, comme ça, doucement, sans le moindre avertissement.
Je pousse un soupir de soulagement, l’espoir renaît d’une étincelle
dans mon cœur déjà mort à l’idée d’un jour devoir le perdre. Il
s’avance vers moi, vers moi… Tout n’est donc pas perdu. J’attends un
mouvement de sa part avant d’en faire un à mon tour mais il se mous
autant qu’une statue.
- Pourquoi ? demande-t-il simplement en posant sa main de givre sur mon épaule blessée de cicatrices trop fraîchement ouvertes.
Je
n’ose pas le regarder. Je voudrais tant; ses yeux sont de véritables
aimants pour les miens avec leur magnifique couleur brune et verte,
tournant parfois même sur un doux bleu ciel… mais je ne dois pas le
regarder. Non, cela détruirait tout. Mais détruire quoi ? C’est
peut-être déjà fini depuis longtemps dans sa tête…
Nous deux.
Ce
nous, existe-t-il encore pour lui ? Pour moi, il existera toujours,
quoi qu’il advienne de notre avenir, tout comme de notre présent mais
lui, a-t-il le même chemin de pensées que moi ? J’en doute fort. Ne pas
succomber à la tentation… Brusquement, j’abaisse mon regard sur mes
converses vieillies, où traîne encore, faiblot, le petit cœur qu’il y
avait dessiné de ses mains d’artiste.
- Est-ce que j’existe encore pour toi, Milie ? Sa
voix s’élève douce, toute aussi incertaine que la mienne l’aurait été à
moment-ci. Et là, mon regard ose et se lève vers le sien. Mes yeux se
plongent dans les siens mais s’acculent à un mur, se perdant dans un
néant de vide noir, de douleur, de tristesse. Je le regarde mais ne le
voit plus. Il est là, c’est lui, je le sais mais pourtant, il me semble
si loin, si… invisible, insaisissable. Je le vois bien, que même s’il
existe encore pour moi, si chaque jour passé en son absence, il me
faisait vivre, je ne suis plus celle que j’étais pour lui. Suis-je
encore aussi importante que la prunelle de ses yeux ? Suis-je encore sa
douce petite princesse ?
Mes yeux se promènent lentement d’un
œil à l’autre, sans rien obtenir. Il n’est plus celui que j’ai vu le
jour le départ, non il n’est plus ce doux garçon dormant paisiblement
sous sa couette. Il est un étranger, maintenant. Mais c’est fou ce que
je l’aime, cet inconnu…
- Manuel… Je murmure
son nom, comme si depuis des lunes aujourd’hui, il était parti, tel une
femme qui appelle dans un silencieux cri du désespoir son époux parti
en mer. Même si elle sait que jamais, elle ne le reverra. Et si c’était
la même chose pour moi ? Son corps est là, mais son âme et son cœur qui
autrefois m’appartenaient, où sont-ils à présent ?
- Manuel…Une
fois de plus, je fais face à la vérité, celle que je ne le mérite pas.
Insouciante de ce qu’il pouvait maintenant penser de moi, chose dont
j’essaie plus ou moins de me convaincre, je lève ma main et, d’un geste
de nature étrange, je me gifle, sentant de peu l’os de ma joue sous la
douleur brûlante de l’impact. Je regrette. Je ne pense jamais avant
d’agir, il ne faut pas se demander pourquoi tant de remords morbides
m’habitent. Un ange passe et puis deux, toujours rien. Le silence,
l’immobilité, seule la noirceur qui prend peu à peu le dessus sur la
timide lumière d’après-midi nous rappelle, autant à lui qu’à moi, que
le temps ne cesse de tourner; les aiguilles des horloges ne cesseront
pas leur course pour nous porter de l’attention. Je n’en peux plus, mon
esprit se tord dans ma tête, les idées et les paroles se bousculent sur
le bord de mes lèvres qui tentent de leur mieux de les retenir. Et… je
m’effondre. Mes genoux percutent mollement le sol, comme si l’instant
n’était que montage d’un film. Mes cheveux se retrouvent devant mon
visage, dissimulant le ruisseau de larmes qui le recouvre de nouveau.
Et lui, lui… je voudrais tant l’oublier et tant l’aimer à la fois.
Toucher une aiguille de mon doigt, la faire tourner jusqu’à la rendre
folle, revenir en arrière. Ne pas partir, rester blottie dans ses bras,
à ses côtés. Pourtant, je reste là, mes mains cherchant désespérément
les siennes en se déplaçant sur la terre humide. Mes doigts
s’entrelacent dans la terre, trouvant ses doigts qui ne sont pas.
- Manuel…Je
prononce une dernière fois son nom, c’est la dernière fois que mes
lèvres se moues pour le dire. Elles n’en peuvent plus de chercher les
siennes et de se perdre dans un désert de déception. Il est là, il a
entendu mon appel, mon murmure… Je sens son corps, sa chaleur glaciale
contre moi. Il est là, je le sais, je le sens… Mais pourquoi reste-il
si absent ?
- Pourquoi Milice ? Pourquoi ? Il
pleure, sa voix me le dit, le goût de ses lèvres contre les miennes ne
cessent de me le répéter. Ce goût salé ne peut être autre que des
larmes… goût de mon imagination brisée. Ses larges mains se posent
chaque côté de mon visage et il soulève ma tête vers lui. Je n’ai plus
de choix, je ne peux plus résister, je dois le regarder. Il est doux,
calme, triste. Je ne comprends pas. Comment peut-il être si calme après
tout ce que je lui ai fais subir ? Pourquoi est-il là ? Que fait-il là
? Il ne devrait pas être à mes côtés, je ne mérite pas un ange aussi
bien que lui. Il est bien trop merveilleux pour la pauvre âme pleureuse
au corps de chiffon que je suis.
- Pars Manu, vas t’en, le suppliai-je en le repoussant lentement de contre moi, la tête penchée vers la droite pour ne plus le voir.
Je
sais, dire que je veux réellement qu’il parte serait mentir. Mais je
sais très bien que je l’ai trop souvent et trop longtemps fait souffrir
pour pouvoir le garder précieusement comme promis.
Sans dire
un mot, il se lève, se retourne dos à moi et ne fait plus aucun
mouvement. Sa tête se tourne à droite, de façon à ce qu’il puisse me
voir un peu, du coin de l’œil seulement, j’imagine.
- C’est ce que tu veux vraiment Milice ? Que je partes ? Je
levai la tête vers lui, me concentrant sur la base de son cou pour ne
pas me laisser envahir de mes sentiments et courir me jeter dans ses
bras.
- Oui, Manu, pars… S’il-te-plaît… Il avança d’un pas et s’immobilisa.
- Je reviendrai. Trente
secondes ou trente minutes passèrent et il n’était toujours pas parti.
Pourquoi vouloir revenir tout en refusant de partir ?